Les boucliers

À gauche : bouclier viking, au mileu : scutum romain, à droite : boucleir grec.

À toute époque, les hommes ont voulu se protéger lors de la chasse mais surtout lors de la guerre. Les premiers boucliers sont attestés dès l'époque sumérienne (IIIème siècle av. J.C.) et restera en usage en Occident jusqu'à l'avènement et la généralisation des armes à feu, au XVIIème siècle.

Les matériaux étaient des plus variés. Tout objet permettant de parer un tant soit peu les coups ou les projectiles comme les flèches peuvent être appelés bouclier de "fortune". Les milices hélvètes, par exemple, avaient dans un premier tant des boucliers faits de bottes de paille tenues par de la corde. L'élément standart pour la fabrication des boucliers resta cependant le bois. Par la suite, les boucliers furent améliorés, comme les armes, en augmentant leur résistance. Un "blindage" était alors ajouté :

- le cuir : dès l'époque sumérienne. S'il était en plus bouilli, le cuir devenait très résitant aux flèches, voir aux lances. Plusieurs couches de cuir étaient parfois ajoutées au cuir pour en améliorer encore la résistance.

- le lin : matériau de substitution au cuir, il offre également une très bonne résistance après avoir macéré dans une décoction de vinaigre et de sel et est déjà utilisé dans la Grèce antique.

- le cuivre : utilisé par les Sumériens, il est apposé sur la face externe en disques espacés destinés au renforcement du bouclier. Son désavantage tient de la malléabilité du métal.

- le bronze : excellente alternative au cuivre, plus résistant, il offre une meilleure protection et se généralise à tout l'armement, particulièrement chez les Grecs qui en font un large usage dans tout leur équipement, même après l'avènement du fer. Recouvrant toute la face externe du bouclier, il est alors plutôt réservé, surtout quand celui-ci est de grande taille, aux combattants lourdement armés comme les hoplites.

- le fer : si le poids du bouclier augmente avec le fer, la protection aussi. Durant le IVème siècle av. J.C., son usage se répand à travers tout le bassin méditérannéen pour se généraliser avec les armées romaines. Les Celtes et les Vikings ajoutaient des pièces de bois à leurs boucliers tandis que les romains avaient un bouclier entièrement en métal. Ce fut ce genre de bouclier qui fut utilisé pour parer les premiers tirs d'armes à feu légères.

La forme des boucliers à beaucoup varié. Ces derniers allaient du petit bouclier rond (targe à parer) jusqu'au gigantesque bouclier summérien, rectangulaire et de la taille d'un homme.
Un élément courant et très pratique est le télamon. Cette lanière de cuir qui permet de porter le bouclier à dos en mettant le télamon en travers de l'épaule. Cela permet à la fois d'éviter de le porter à bout de bras pendant les traversées ainsi que de se protéger le dos lors des fuites et d'éviter les tirs de flèches.
La préhension du bouclier auss a connu une amélioration. Durant le VIIIème ou VIIème av. J.C., les Grecs ont inventés le système encore utilisé de nos jours : une lanière pour passer l'avant-bras et une poignée près du bord pour manier le boucliers dans tous les sens.

Quelques exemples de boucliers :

• L'aspis : le bouclier grec qui a connu un certain nombre de changement de matériaux comme de formes. Tout d'abord en forme de 8, puis en forme de tour de la hauteur d'un homme. Vint ensuite une modification vers 1200 av. J.C. : le bouclier en forme de tour est arrondi sur le haut et échancré sur le bas. Il est aussi plus petit que les deux précédents modèles. Puis est apparu le bouclier échancré : un bouclier de 90 à 100 cm de diamètre, bombé et présentant une échancrure des deux côtés, ce qui permettait une meilleure utilisation de la lance.

• L'écu : le célèbre bouclier triangulaire, avec le dessus courbé vers le haut ou présentant deux courbures vers le bas avec une pointe en son centre qui séparait les deux courbures. Sa forme était adapté pour les cavaliers.

• Le pavois : c'est un grand bouclier de forme ovale ou quadrangulaire, porté par les fantassins et plus particulièrement les arbalétriers, au Moyen Âge.
On voit apparaître cette arme défensive au XIVe siècle. À cette époque, l'arbalète avait une bonne portée de tir, mais était très longue à bander ; une minute au moins était nécessaire à un arbalétrier habile pour mettre la corde dans l'encoche et décrocher le carreau. Pendant ce temps, il restait exposé aux traits de l'ennemi.
Un grand pavois qui pût couvrir le corps tout entier s'avérait donc nécessaire. Il ne faut pas confondre le pavois avec le bouclier. L'écu était terminé en bas par une pointe, ce que nécessitait le combat à cheval. Le pavois, plus grand, couvrait tout le corps. Il mesurait habituellement un mètre de haut et quelquefois plus, sur une largeur de quarante à soixante centimètres. Il est profondément nervé suivant son axe longitudinal, afin de présenter plus de résistance aux chocs et de laisser un espace libre pour passer le bras au besoin, ou pour le fixer au moyen d'un pieu.

• La rondache : un bouclier de forme circulaire et généralement de taille moyenne. Elle est utilisée dans les combats rapprochés, ou corps à corps, comme moyen de protection et d'intimidation. Elle est souvent jumellée avec l'épée courte. La rondache est petite, légère et sans encombre pour l'attaque, ce qui lui donne toute sa qualité lors des combats. Sa forme ronde laisse libre-allée au mouvement de l'arme et dévie facilement les coups.

• La targe : petit bouclier qui se tenait à la main, ou dans des cas beaucoup plus rare, était directement fixé sur le canon d'avant bras gauche si le combattant porte une armure. Le diamètre de la targe est d'au maximun de 40 centimètre de diamètre et est constitué exclusivement de fer et non de bois.
Ce bouclier est apparu au milieu du XVe siècle et est disparu au début du XVIe siècle. Il est apparu car dans la deuxième moitié du XVe siècle la plus grande majorité des soldats qui allaient dans les mélées avaient des armures complètes, ce qui fait que l'usage de l'écu était devenu inutile. La targe fut crée en utilisant comme base les rondaches.
Il faut d'ailleurs noter que ce bouclier s'utilisait dans des combats très rapprochés car ils étaient souvent utilisés avec des fauchons (sorte d'épées courtes), ce qui fait que la targe pouvait devenir une arme offensive en donnant un coup avec à l'adversaire si l'occasion se présentait. Contrairement au bouclier normal, il faut aller « chercher » la lame de l'adversaire pour pouvoir la bloquer, ou tout du moins la détourner et ensuite et contre-atttaquer tout de suite pour ne pas laisser le temps à l'adversaire de réagir.

Même les boucliers ont connu des légendes en présentant comme magiques ou indestructibles.

• Le bouclier mirroir, donné par Athena à Persée pour contrer le regard pétrifiant de Méduse.

• L'Égide, le bouclier de Zeus :

"L'égide est fait en chêne, recouvert de la peau de la chèvre Amalthée (a???? / aigis signifie également « peau de chèvre »), nourrice de Zeus. Selon Homère, il est forgé par Héphaïstos. Il est frangé de têtes de serpents et porte en son centre la tête de Méduse, qui pétrifie tous ceux qui la regardent"
L'égide est l'attribut de Zeus et d'Athéna qui, en l'agitant, répandent la terreur et jettent la foudre et le tonnerre. Il est resté, dans l’Antiquité, le symbole de l’invulnérabilité garantie par la protection des dieux. Les empereurs romains sont ainsi souvent représentés avec une amulette placée sur la poitrine, miniature du bouclier orné de la tête de Méduse.

• Dur-Écu, une légende normande :

"Alors que Guillaume guerroyait contre les Bretons, un ennemi se jeta sur lui et dirigea sa hache vers sa tête. Un des compagnons de Guillaume le sauva au dernier moment, en interposant son bouclier - son écu, comme on l'appelait alors - entre la hache du breton et la tête de Guillaume.

La hache se ficha dans le bois de l'écu, qui ne céda pas. Guillaume était sauvé ! On célébra ensuite cet écu et l'on donna le nom de Dur-Ecu à des familles et à des maisons fortes qui avaient pour vocation de protéger la Normandie."

Sources :

Boucliers légendaires : Wikipedia
Images bouclier viking : Kultofathena
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